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L’art de donner Phorm

Dernière mise à jour : 24 sept. 2020


Ma première rencontre avec David Colas se déroula lors d’un festival ; j’étais impatient de voir en direct ce que je pouvais percevoir en vidéo, assis sur ma chaise, rempli d’impatience. Dès les premiers mouvements se fut une claque monumentale, la connexion, la précision et l’impact étaient bien au-delà de mon imagination.

Quelques années plus tard, dans un contexte particulier comme le Covid, la discussion que j'ai eue avec David pour faire cet article fut une autre leçon d’humilité et de simplicité.

Pour mieux comprendre son univers et son état d’esprit, partons à sa rencontre.




David Colas est un enfant de la rue, c’est-à-dire que malgré une famille proche et aimante, il passa une bonne partie de ses temps libres dans son quartier du 20e arrondissement avec ses amis. Dès ses10 ans, en 1982, il se retrouva dans la culture hip-hop à danser avec des personnes plus âgées que lui.

Il baignera dans la culture musicale car il était entouré d’une famille d’artistes, notamment son père qui tenait une boutique de vinyles, ce qui lui a permis d’écouter tous les sons du moment. De plus, il allait assez régulièrement en Martinique, dont il est originaire, ce qui le baignera un peu plus dans la danse. Ses parents le laisseront pratiquer assez facilement le hip-hop. Aussi, lorsqu’un certain Solo proposera aux amis de David d’assister à une émission de hip-hop, la question ne se posera même pas.

Et sans le savoir, David participera à la première émission Hip Hop qui ne fera qu’accentuer sa soif d’apprendre, car voir Solo, Franck de Louise et tous les PCB performer durant l’émission, sera un premier tournant dans sa vie d'artiste.

Ses inspirations et surtout sa motivation seront sans limite, des amitiés naîtront et l’emmèneront parfois dans des lieux insolites comme une cave à Aulnay avec Blaise Pascal entouré des danseurs de l’époque tous plus âgés que lui.

Willy, danseur des PCB, lui permettra d’évoluer et d’être un danseur respecté du quartier. Il ne comptera plus ses heures d’entrainement pour notamment passer le mouvement référence de l’époque, la coupole.

Il sera comme dirait la génération H.I.P H.O. P et malgré son jeune âge, un danseur de la première génération.

Maintenant, parlons d’un autre temps où des jeunes de 12 ans pouvaient se retrouver en boite pour faire un show et rentrer avant minuit pour aller à l’école le lendemain sans que cela soit un débat ou un jugement.



Aujourd’hui, cette histoire sera de l’ordre de la maltraitance juvénile, et pourtant une très bonne école de la vie : je suis un grand nostalgique d’une époque inconnue moins complexe.

Dans sa jeune carrière artistique, il sera confronté à un premier coup d’arrêt, celui de la fin de l’émission H.I.P HO.P. L’effet de mode étant passé pour les médias de l’époque et avec la new jack qui faisait son apparition, les breakeurs étaient alors plus assimilés à des techniciens de lustrage qu’à des artistes danseurs.

Son entrain à danser et s’entrainer s’estompa pour laisser place à une autre discipline de la culture qu'est le graff.


Le graff sera sa nouvelle lubie et avec son nouveau collectif d’artiste TSB dont Youval qui était membre actif, ces derniers seront les décorateurs privilégiés des métros parisiens.





En parallèle, il se mettra aussi très sérieusement au basket pour le pratiquer.

Malgré des études au second plan, il fera tout de même le nécessaire pour obtenir son baccalauréat en filière comptabilité. Néanmoins, son avenir professionnel restera sombre. Il fera donc le choix d'effectuer son service militaire et par le plus grands des hasards, alors qu’il aura stoppé la danse, il y rencontrera d’autres danseurs avec qui il partagera des moments intenses dans leur chambre : sa motivation réapparue pour se retrouver dans des boites du nord-est de la France comme Metz.

Après son service militaire en 1992, David reviendra au quartier et apprendra qu’un danseur proposait une formation de hip-hop : la flamme étant ravivée grâce à ses échanges avec ses frères d’armes, il ira à la rencontre de THONY MASKOT qui lui proposera de venir à l’école pour reprendre sérieusement la danse. Sa rencontre avec les danseurs du collectif "un point C'est Tout" confirmera son envie de reprendre.

L’une de ses forces est qu’il accepta de repartir de zéro pour acquérir les bases d’un danseur, comme savoir compter la musique et tout cela malgré son expérience. Cela sera donc pour lui un challenge tout en essayant de construire son avenir professionnel. Or, au bout d’un moment, le choix entre avoir une vie rangée sans trop de remue-ménage et celle d’un artiste prenant le risque d’une vie précaire, se fit ressentir. C'est ainsi que son choix se portera sur la sagesse, donc vivre d’amour et d’eau fraiche ne lui fera pas peur.



Il se lança à corps perdu dans la formation de Thony. Il sera même amené à le remplacer. David retrouvera des danseurs qu'il a connu en 1983 et qui n’ont jamais arrêté leur passion, ils auront donc acquis un niveau qui aurait pu complexer ou frustrer ce dernier. Mais que nenni, il fera le choix de travailler en binôme avec Nel, un jeune danseur de l’époque, très talentueux. Or, en pratiquant son break, il s’aperçut que la seule pratique des pass-pass et foot work ne lui permettra pas de vraiment exprimer tout son univers. Grâce au collectif composé de tous les styles, il aura la chance d’être entouré d’une Dream team dans laquelle, il y avait de la house avec Rabat et du lock avec Gemini, ce qui lui lui permettra d’étoffer son niveau et de développer sa singularité.

Grâce à cette première expérience, il a pris conscience qu’il pouvait aller assez loin et surtout vivre de sa passion pour se retrouver dans les grands théâtres parisiens.

Après avoir vécu cette première expérience, il intégrera la compagnie ykanji en 1998, une compagnie co-crée par Bintout Dembele et accompagné par Christian Tamet, directeur artistique et anciennement directeur de château vallon, lieu très important du spectacle.


Puis M. Colas intégrera la création "drop it" une œuvre écrite et chorégraphiée par Franck de Louise, un monument de la création HIP HOP de 2000 à 2002. Mais cette nouvelle expérience sera surtout une nouvelle façon de travailler. Il en sortira grandement changé.

N’oublions pas que c’est un homme de défi, en 2001 il gagnera le Bboy Summit footwork à Los Angeles.



Nous disons souvent qu’un grand homme ne serait rien sans une grande une femme : durant ses tournées mondiales, il rencontrera Brigitte, une danseuse qui deviendra sa femme et avec qui, il créa une école de référence à Marseille Crescene13.

Et justement de cette école, un jeune danseur viendra y faire ses classes pour devenir le futur binôme qu’on appellera Phorm et qui durant 10 ans, fera le tour du monde. Leur victoire au Dance Delight France et leur deuxième place au Delight monde au japon finira par marquer le hip-hop mondial.



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